VUE D’ENSEMBLE

La mise à jour de la période de mars – juin 2025 de l’analyse IPC d’août 2024 montre une situation de sécurité alimentaire aiguë toujours plus dégradée en Haïti marquée par l’exacerbation de la violence des groupes armés dans la zone métropolitaine et le reste de l’Ouest ainsi que dans le département de l’Artibonite, et qui continue d’intensifier le déplacement de la population, particulièrement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Selon les chiffres de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), environ 1.04 million de personnes seraient déplacés internes en décembre 2024, soit une augmentation de 48 % par rapport à juin 2024.
En plus de pousser les ménages à se déplacer massivement, ces violences continuent de causer des pertes d’opportunités de revenus pour les emplois informels ainsi que formels et de perturber les chaînes d’approvisionnement. L’accès économique des ménages aux aliments est réduit en raison de l’augmentation des prix des produits de base et d’une inflation de 30% en février 2025 dans un contexte de baisse des revenus des ménages, aussi bien dans la zone métropolitaine que dans le reste du pays. Dans les zones rurales, les faibles productions agricoles liées à des systèmes peu modernisés demeurent largement insuffisantes pour faire face aux besoins alimentaires du pays.
À cela s’ajoute, la suspension de nombreux projets tant pour l’assistance alimentaire d’urgence que pour le soutien à la résilience des populations, principal fait marquant sur le premier trimestre 2025. Entre août 2024 et février 2025, près de 977,000 Haïtiens ont bénéficié d’une assistance alimentaire humanitaire sur une base mensuelle, couvrant 25% à 50% des besoins kilocaloriques des bénéficiaires. Cette assistance a été cruciale pour prévenir une détérioration vers les phases les plus sévères, en particulier parmi la population urbaine et déplacée n’ayant pas accès aux opportunités de subsistance à cause de l’insécurité. Au vu de l’incertitude sur le financement de l’assistance et de la définition de l’IPC quant à la prise en compte de ce facteur dans les analyses, aucune assistance alimentaire humanitaire n’a été considérée dans cette actualisation, tout comme dans la projection faite en août 2024. Cette mise à jour montre une augmentation de la population en Phase 3 ou plus de 300,000 personnes comparée à la période courante d’août 2024 à février 2025, ainsi qu’une détérioration de plus de 100,000 personnes par rapport à la projection précédente. Cela inclut une augmentation de la population en Phase 5 (catastrophe) de 5,600 à 8,400 personnes dans les camps de déplacés. La présence et l’augmentation de populations en Phase 5 et en Phase 4 est un signe du besoin d’assurer une réponse immédiate pour sauver des vies en Haïti.
Selon les résultats de cette mise à jour de l’analyse IPC, plus de 5.7 millions de personnes sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë pour la période de mars à juin 2025, représentant 51% de la population haïtienne analysée, soit un niveau d’insécurité alimentaire historiquement jamais atteint. Le nombre de personnes en Urgence (Phase 4) s’élève à 2.1 millions de personnes (19% de la population analysée) et 3.6 millions (32% de la population analysée) apparaissent en Crise.
Les principaux facteurs et hypothèses revus lors de cette actualisation incluent la détérioration et l’intensification de la violence par les gangs armés, l’augmentation des prix des produits alimentaires, la perte d’opportunités de revenus des ménages et le manque d’aide humanitaire prévue dans les zones les plus touchées.
Seize zones sont désormais classées en Phase 4 (Urgence) contre quinze sur la dernière analyse. Il s’agit des zones du Haut-Artibonite (Artibonite HT01 et HT03), de la Grand’Anse, des Nippes, du Nord-Ouest, de La Gonâve, de la zone d’Aquin, de la zone Sud-Est HT07, de Cité Soleil, des camps de déplacés ainsi que les quartiers Pauvres et Très Pauvres (P et TP) de Croix-des-Bouquets, de Delmas et de Port-au-Prince. Si la zone de l’Artibonite HT01 passe d’une classification de Crise à Urgence, les autres zones du pays continuent de présenter des classifications de sécurité alimentaire de Crise (Phase 3), avec pour toutes les zones des proportions de populations en Urgence (Phase 4).
L’assistance revêt toutefois un rôle primordial et une reprise est nécessaire afin d’endiguer la détérioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, particulièrement dans les camps et toutes les zones classées en Phase 4.

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