La volatilité des prix des produits alimentaires de base est à nouveau observée sur les différents marchés, au cours du second trimestre. Comme souligné dans le bulletin précédent, mis à part le riz et le maïs importés et le sucre, tous les produits suivis dans le cadre de l’analyse de la sécurité alimentaire affichent une tendance à la hausse. Le prix du maïs et du haricot, produits localement, connait encore une évolution atypique, ceci tant sur le plan mensuel que sur le plan annuel. En effet, les prix moyens de ces deux produits ont augmenté respectivement de plus de 2 et 8% par mois de janvier à juin. En glissement annuel, ces denrées de base ont accusé des hausses respectives de plus de 12 et de 32% en moyenne. Cette situation explique en fait l’accroissement du coût du panier alimentaire au cours du deuxième trimestre de l’année en cours, soit de près de 2% par rapport au trimestre précédent.
Malgré tout, la hausse est, pour le moins, modérée, en raison de la baisse du prix du riz importé, compte tenu du poids de ce dernier dans la composition de ce panier (30%). Une situation qui pourrait se maintenir sachant que la situation du marché mondial de grains basiques est relativement stable, caractérisé par la baisse des prix des céréales résultant d’une offre abondante, entre autres. On reconnait toutefois que toute variation positive du prix du panier alimentaire, si faible soit-elle, affecterait largement les gens à faible revenu quant à l’accessibilité des biens alimentaires de base.
Par ailleurs, les prix des produits locaux continuent à se maintenir élevés, en raison de la baisse considérable de la disponibilité alimentaire locale, consécutivement à la longue période de sécheresse qui sévit dans la plupart des zones agro écologiques du pays. Un renversement de tendance n’est pas pour demain avec la rareté des pluies au fort même de la saison cyclonique. Plus important encore, il existe de fortes probabilités que el niño persiste jusqu’au début de l’année 2016 (pluviométrie < normale). En conséquences, les prévisions sont assez pessimistes pour la prochaine campagne et au delà. Tout semble alors indiquer que la campagne nationale de printemps, la plus grande campagne agricole annuelle du pays, sera compromise. De surcroit, d’éventuelles troubles sociopolitiques ainsi que la hausse du prix du billet vert, avec ses répercussions sur les prix des produits alimentaires de base dans les prochains jours (car entre la variation du taux de change et celle des prix on observe on observe souvent une période de décalage) sans négliger les conséquences néfastes des déportations, continueront à fragiliser davantage la conjoncture macroéconomique nationale et, par conséquent les conditions de sécurité alimentaires dans le pays. Dans ce sillage, on ne s’attend pas à une amélioration des conditions de disponibilité locale et d’accessibilité alimentaires pour les prochains mois mais qu’à un accroissement de l’incidence de l’insécurit.