Au cours des deux dernières années, Haïti a connu en raison du phénomène « el niño » une longue période de sécheresse ayant eu un impact considérable sur la situation de sécurité alimentaire des ménages. Ainsi, près d’une quarantaine de communes avaient été classées en phase de crise (phase 3 de l’IPC)[1] au cours du 4e trimestre de l’année 2015.
Au cours du deuxième semestre de 2016, la situation de sécurité alimentaire s’améliore sous l’effet de deux facteurs : i) une nette amélioration enregistrée dans la pluviométrie au cours de la campagne agricole de printemps (mars/juillet) qui a entrainé une augmentation de la production agricole dans presque toutes les zones agro-écologiques. ii) les interventions d’urgence réalisées par certains acteurs au niveau des communes classées en crise (phase 3 de l’IPC) par la CNSA. Les zones classées en crise en octobre 2015 sont passées en phase de stress (phase 2 de l’IPC)[1]. Ainsi tout le pays se trouve classé tout au plus en phase de stress (voir carte de la situation actuelle ci-contre). Le nombre de personnes en insécurité alimentaire est passé de 3.6 millions en janvier 2015 à 3.2 millions en août 2016 (soit une baisse d’environ 11%).
Selon les prévisions de la « Carribean Regional Climate Outlook Forum (CariCOF) » la pluviométrie sera relativement bonne jusqu’en novembre. D’après les analystes du Groupe de Travail Technique de l’IPC, la situation doit continuer à s’améliorer pour la période Octobre/décembre à la faveur des récoltes de la campagne agricole d’été/automne (mois d’août à novembre) et des cultures à long cycle (pois congo, petit-mil, igname) de la campagne de printemps (novembre/janvier).
Néanmoins, des facteurs comme l’instabilité politique, la rentrée des classes, l’accès limité aux intrants agricoles, et la dépréciation continue de la gourde constituent encore des contraintes à une amélioration plus importante de la sécurité alimentaire.
Cette amélioration demeure très fragile et certaines zones sont susceptibles de basculer en phase 3 au moindre choc notamment le Nord-Ouest, le Haut Artibonite, la Gonâve et la partie orientale du département du Sud-Est. Les principaux facteurs de risques sont les suivants :
- passage d’un ouragan entre septembre et novembre ;
- des pluies plus faibles que la moyenne à des moments critiques des cultures entre août et décembre ;
- attaque des plantations de sorgho par les pucerons ;
- hausse de prix des produits importés ;
- hausse de prix du carburant sur le marché national ;
- épidémie de fièvre Zika et de Choléra pendant la période pluvieuse.
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[1] Même avec l’aide humanitaire, au moins un ménage sur cinq dans la zone se trouve dans la situation suivante ou pire : des déficits alimentaires considérables et malnutrition aiguë à des taux élevés ou supérieurs à la normale ;
[2] Même avec l’aide humanitaire, au moins un ménage sur cinq dans la zone se trouve dans la situation suivante ou pire : une consommation alimentaire réduite et d’adéquation minimale mais incapacité de se permettre certaines dépenses non alimentaires essentielles sans s’engager dans des stratégies d’adaptation irréversibles.